Agence rwandaise d’information

Tuesday, 13 May 2014 21:54 by RNA Reporter

Paris : Ce mardi 13 mai 2014 s’est tenue une conférence de presse à Paris en présence des deux journalistes d’investigation français, Serge Farnel et Bruno Boudiguet.

Ils ont fait savoir que des rescapés du génocide perpétré contre les Tutsis du Rwanda avaient décidé de porter plainte contre X à Paris pour des faits de participation directe de militaires blancs au massacre de masse du 13 mai 1994 à Bisesero (ouest du Rwanda).

Ces plaintes ont été présentées à la presse vingt ans, jour pour jour, après le massacre de 40.000 civils Tutsis à Bisesero et seront déposées très prochainement au Pôle « génocide et crimes contre l’humanité » du TGI de Paris.

Les quatre plaignants ont eux-mêmes échappé à ce massacre. Ils témoignent avoir vu des Blancs en tenue militaire leur tirer dessus au cours dudit massacre. Les plaignants nomment, chacun dans sa plainte, des membres de leurs familles massacrés ce jour-là.

Emmanuel Karibana, 54 ans, affirme avoir vu des Blancs en tenue militaire ce 13 mai 1994 à Bisesero en compagnie des autorités de la commune de Gishyita. Il se trouvait avec sa famille sur la colline de Nyiramakware. Il précise que tous tuaient les civils Tutsis à partir de la colline de Mumubuga. Et de préciser qu’ils utilisaient pour cela de « très grosses armes à feu ». Ce jour-là, Emmanuel a perdu sa femme, sa fille de huit ans, ainsi que son fils de douze ans.

Boniface Mutuyemungu a 52 ans. A l’instar d’Emmanuel Karibana, il se trouvait sur la colline de Nyiramakware, à Bisesero, quand il vit ce 13 mai 1994 des policiers ainsi que deux Blancs en tenue militaire leur tirer dessus avec des très grosses armes à feu à partir de la colline de Mumubuga. Il perdit alors son fils de neuf ans, ainsi que son autre fils de dix ans.

Jean-Baptiste Hakizimana a 33 ans. Il se trouvait, lui, ce 13 mai sur la colline de Mumubuga, à Bisesero, quand il vit des miliciens, des soldats rwandais, ainsi que plusieurs soldats blancs leur tirer dessus. Il précise dans sa plainte qu’il reverra, plus tard dans la journée, mais ailleurs à Bisesero, des Blancs en uniformes militaires tirant cette fois en direction des collines de Kagari et de Muyira. Il affirme avoir perdu ce jour sa mère et trois de ses sœurs.

Sylvain Nyakayiro, 42 ans, explique dans sa plainte qu’il se trouvait le 13 mai 1994 sur la colline de Kagari, à Bisesero, quand il vit des soldats blancs tirer sur eux avec de « très grosses armes à feu » à partir de la colline de Mataba. Sa grande sœur fut ce jour victime de ce massacre.

La justice pourra s’appuyer sur un travail d’investigation déjà très fourni et matérialisé par trois livres. Ces quatre plaintes s’inscrivent en effet dans un ensemble de plus de cinquante témoignages de la présence active de ces Blancs le 13 mai à Bisesero.

Serge Farnel a en effet recueilli en 2009 et 2010 une trentaine de témoignages sur la participation de Blancs au massacre du 13 mai à Bisesero. Cette enquête avait fait l’objet de la parution, en mars 2012, d’un premier livre sur le sujet (« Rwanda, 13 mai 1994. Un massacre français ? »). Certains génocidaires interrogés par ses soins ont témoigné de ce que ces Blancs, dont certains tiraient sur la foule de civils Tutsis avec des canons, leur avaient été présentés par les autorités rwandaises de l’époque comme étant de nationalité française.

Bruno Boudiguet a poursuivi l’enquête. Il présente dans son ouvrage « Vendredi 13 à Bisesero. La question de la participation française dans le génocide des Tutsis rwandais », sorti le 20 mars dernier, une cinquantaine de nouveaux témoignages confirmant la présence de militaires blancs aux côtés des génocidaires rwandais, aussi bien lors de la préparation que de l’exécution dudit massacre.

En outre, selon l’étude de contexte menée par Bruno Boudiguet, la présence officieuse de militaires français est attestée à d’autres endroits du pays pendant le génocide, à une époque où aucun militaire français n’est supposé se trouver sur le sol rwandais, et ce par plus d’une quarantaine de témoins ou documents.

Par ailleurs, le 13 mai 2014 paraît le dernier livre de Serge Farnel « Bisesero. Le ghetto de Varsovie rwandais », un récit reprenant l’ensemble des enquêtes existantes et retraçant les cent jours du génocide à Bisesero, ainsi que l’héroïque résistance civile que leur ont opposée les Tutsis qui s’y étaient réfugiés.

Serge Farnel et Bruno Boudiguet ont fait savoir que leurs livre-enquêtes seront versés à l’appui des plaintes des rescapés de Bisesero. (Fin)

Les Éditions Aviso

http://www.aviso-editions.fr/

Le site des trois ouvrages sur Bisesero

http://www.rwanda13mai1994.net/

Source : http://www.rnanews.com/component/co...